[Mozambique] AfricTivistes appelle le gouvernement à rétablir l’accès aux réseaux sociaux !
Jeudi 31 octobre, l’accès aux plateformes de réseaux sociaux et plus particulièrement Whatsapp, Instagram et Facebook a été interrompu en pleine contestation électorale et au moment où l’opposition a appelé à des manifestations. Le 25 octobre dernier, le pays avait déjà connu une panne générale d’Internet chez les différents opérateurs mobiles.
Une semaine auparavant, le 24 octobre, la commission électorale a annoncé Daniel Chapo, candidat du parti au pouvoir Frelimo, victorieux du scrutin présidentiel du 9 octobre. Le résultat est contesté par Venãncio Mondlane, arrivé deuxième, appelant ses partisans à “ paralyser le pays” jusqu’au 7 novembre.
Ce mot d’ordre suivi par des manifestations ponctuées de violentes répressions policières ont immédiatement éclaté à Maputo, la capitale, et dans d’autres villes du pays. Elles se sont soldées par plus de dix morts dans plusieurs villes.
Dimanche 27 octobre, l’opposition a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel, plus haute Cour du pays, pour exiger un nouveau comptage des voix.
Pour rappel, dans la nuit du 18 au 19 octobre, deux proches de l’opposant mozambicain Venancio Mondlane, son avocat Elvino Dias et Paulo Guamba, un membre du parti Podemos, ont été assassinés. Me Dias préparait un recours en justice pour dénoncer de potentielles fraudes électorales.
La Constitution du Mozambique en son article 48 alinéa 1 stipule que « tous les citoyens ont droit à la liberté d’expression et à la liberté de la presse, ainsi qu’au droit à l’information. » Au niveau continental, le Mozambique a ratifié la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) et la Déclaration des principes sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique qui affirme les principes d’ancrage des droits à la liberté d’expression et à l’accès à l’information. Enfin, la résolution 580 de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), publiée en 2024, appelle à maintenir l’accès à Internet pendant les périodes électorales.
AfricTivistes rappelle que les censures ou les restrictions d’internet, sont une entrave notoire aux libertés d’expression, de réunion, en passant par l’accès à l’information garanties. En ce sens, elles constituent des violations des normes internationales en matière de droits de l’Homme.
Nous condamnons toute forme de censure et d’interruption du réseau internet, en particulier celles qui ont un impact préjudiciable sur les droits fondamentaux, y compris la liberté d’expression, la liberté d’information et la liberté de réunion.
Nous encourageons le gouvernement du Mozambique à respecter les droits des citoyens, ainsi que ses engagements régionaux et continentaux.
Nous invitons le gouvernement du Mozambique à veiller à la liberté d’internet la non-suspension et à faire éviter des mesures de restriction d’internet pour contrôler les voix dissidentes et les protestations légitimes.
En effet, de telles actions restrictives remettent en question les droits des citoyens mozambicains à la liberté d’expression et de manifestation, leur droit à l’information et l’accès au cyberespace et constituent un recul manifeste de la démocratie.
Nous exhortons aussi les autorités mozambicaines à privilégier le dialogue, plutôt que la répression qui n’a mené pour l’instant qu’à des pertes regrettables en vies humaines.
Nous nous tenons aux côtés des citoyens et des militants pro-démocratie mozambicains qui luttent pour le respect des droits.
Enfin, à l’instar d’autres organisations de la société civile du continent et au nom du panafricanisme, AfricTivistes se prosterne devant la mémoire des victimes.