AfricTivistes lance la campagne #TaxawTemm pour une utilisation responsable des réseaux sociaux

AfricTivistes lance la campagne #TaxawTemm pour une utilisation responsable des réseaux sociaux

16 septembre, 2023

AfricTivistes a procédé, ce jeudi 11 août, au lancement officiel de la campagne de deux mois #TaxawTemm! Aar Suñu Bopp sur l’utilisation responsable des réseaux sociaux et la lutte contre le harcèlement en ligne, notamment des femmes.

Cette journée de lancement a commencé avec un atelier pour les professionnels des médias et les blogueurs dans le but de rédiger un Guide de bonnes pratiques sur le cyber-harcèlement. Cela a été suivi par un moment d’échanges et de partage sur les bonnes pratiques à adopter face aux violences en ligne lors de la cérémonie officielle avec différents acteurs de l’écosystème et des droits humains.

Début de la campagne #TaxawTemm! Aar Suñu Bopp

Marquant le lancement officiel de la campagne #TaxawTemm ! Aar Sunu Bopp, le panel de l’après-midi a été le théâtre d’échanges et de partages sur les bonnes pratiques à adopter face aux violences en ligne en vue de décliner les grands axes de la campagne.

La cérémonie officielle s’est tenue en présence notamment du Directeur de la Communication et des Relations publiques de la Commission de protection des Données Personnelles (CDP),  Adama Sow, de la présidente de l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS), Aminata Fall Niang, de l’adjudant Serigne Fallou Athie de la  Division spéciale de la cybercriminalité, de la responsable de l’Institutionalisation du Genre au Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’Enfant, Ramatoulaye Touré, de la journaliste Jaly Badiane ou encore l’actrice Ndiaye Ciré Ba entre autres acteurs clés.

«AfricTivistes a lancé cette campagne pour encourager une utilisation responsable des réseaux sociaux, et en même temps lutter contre les violences en ligne, notamment le harcèlement des filles et des femmes», a déclaré Aisha Dabo, Coordinatrice des Programmes de l’organisation, lisant le discours d’ouverture du Président Cheikh Fall.

« Nous menons cette campagne aussi pour aider à réduire ce fléau dont les répercussions sont susceptibles surtout de limiter la participation pleine et entière des filles et des femmes au développement du pays», a-t-elle assuré.

Face aux multiples formes du cyberharcèlement comme la violation des droits et libertés fondamentaux, le droit au respect de l’image, la violation de la vie privée, l’atteinte à la dignité et à l’honneur d’une personne, entre autres droits garantis par la Constitution du Sénégal et par la Déclaration des droits de l’Homme, Aminata Fall Niang, soutient que la prise de conscience est la première étape.

Une prise de conscience à la fois des victimes et des auteurs des forfaits. « Au niveau de l’AJS, nous avons vu beaucoup de cas de violences. Généralement, le problème c’est que les victimes ne savent pas forcément quoi faire en cas de cyberharcèlement; elles sont désarmées. », a-t-elle confié en insistant sur la sensibilisation aux différentes formes que peut revêtir le cyberharcèlement pour permettre aux victimes d’être mieux préparées.

« La Commission de protection des données personnelles (CDP) est un moyen de se protéger en situation de cyberharcèlement », a fait savoir Emmanuel Diokh sur la question de la protection. « La victime peut le faire soit à travers un mail, une pétition ou en portant plainte au niveau de la Division spéciale de la cybercriminalité (DSC) », a-t-il ajouté non sans noter que ces entités sont quotidiennement submergées par un nombre exorbitant de plaintes.

A ce propos, Adama Sow, Directeur de la Communication et des Relations publiques de la CDP, a, pour sa part, révélé que face à ces maux qui s’étendent sur internet à une grande ampleur, la CDP et la DSC n’hésitent pas à collaborer dans leur mission commune de protection des personnes et de leurs biens dans le cyberespace.

L’adjudant Serigne Fallou Athie, représentant le Commissaire Aly Kandé de la brigade de la lutte contre la cybercriminalité de la Police nationale,  de confier: « Nous sommes débordés par le nombre de plaintes que nous recevons sept jour sur sept. », a-t-il notamment souligné, en assurant toutefois de la diligence que la Division Spéciale de la Cybercriminalité met toujours dans la résolution de ces “cas”, dans leurs diversités.

Du reste, Aminata Fall Niang a appelé au renforcement du cadre légale à travers la production d’une loi unique et spécifique qui regrouperait toutes les dispositions éparpillées dans plusieurs textes pour apporter une riposte efficace aux cyberharcèlement.

Atelier avec des acteurs de l’information pour lutter contre le cyberharcèlement

Au menu de l’atelier organisé en matinée, les participants se sont prêtés à la définition du cyberharcèlement, un “grave problème sociétal” dont 65% des victimes sont âgées de 16 à 35 ans, et 70% des victimes sont de sexe féminin, au Sénégal”, a fait savoir Aisha Dabo, coordinatrice des programmes à AfricTivistes.  « Le cyberharcèlement est une forme de violence exercée sur une personne dans le cyberespace », c’est la définition retenue au bout de débats passionnés des participants à la séance de travail facilitée par les experts.

Un peu plus tôt, l’entrepreneur digital spécialiste en conseils pratiques sur l’IA et le Cyberharcèlement, Inssa Touré, avait présenté ce fléau en ces termes : « Toute pratique visant à nuire un individu en utilisant le cyberespace ».

Pour Emmanuel Diokh, spécialiste du droit du Cyberespace, venu partager son expertise  sur le droit du numérique et la protection des usagers, la définition doit prendre en charge non seulement “les violences faites à travers les messageries et les réseaux sociaux notamment, mais également celles qui peuvent survenir avec les objets connectés”, a-t-il notamment soutenu en présence de journalistes, blogueurs et professionnels du monde de l’informatique.

Les participants à l’atelier ont identifié plusieurs causes au cyberharcèlement. Le chômage, la misogynie, l’impunité, l’anonymat ou encore la morale sont autant de raisons avancées par les uns et les autres pour expliquer l’attitude des auteurs de violences en ligne sur les femmes et les filles généralement.

Pour Inssa Touré, au-delà du contexte sociopolitique, les tendances ou la recherche de buzz sur les réseaux sociaux, il en relève surtout de la faiblesse des dispositions légales. « Il faut des mécanismes de poursuites et un renforcement du cadre légal », a-t-il plaidé tout en invitant à la promotion du “digital literacy ou l’alphabétisation numérique” pour lutter contre le cyberharcèlement, mais surtout pour se préparer aux nouvelles menaces engendrées par l’avènement et l’essor de l’intelligence artificielle (IA).

Selon lui, à cause de ces technologies évoluant à un rythme effréné, l’usurpation d’identité et les “Deep Fake” pourraient devenir monnaie courante sous peu. Il a ajouté que cette approche pourrait préparer les jeunes à mieux appréhender l’écosystème numérique avec tout ce qu’il comporte.

Pour faire face au cyberharcèlement, les participants ont notamment préconisé:

1- La mise à jour de la réglementation de manière à criminaliser les auteurs de cyberharcèlement

2- La sensibilisation des internautes et l’initiation des plus jeunes à internet,

3- L’initiative personnelle de se protéger soi-même via les paramètres de confidentialité et de sécurité. 

Ainsi, les réflexions des groupes de travail ont permis de déterminer les stratégies de lutte qui seront précisés dans le Guide de bonnes pratiques sur trois (03) portes d’entrée à savoir l’Information, la Sensibilisation et le Plaidoyer.

Pour lutter efficacement contre le cyberharcèlement, les participants ont effectué une sélection des acteurs à impliquer dans la lutte.  La sélection s’est faite sur la base du niveau d’influence des acteurs. Les groupes de travail ont porté leur choix entre autres sur les médias, les porteurs de voix, animateurs communautaires, les acteurs, les influenceurs…

L’atelier a permis d’élaborer un récit collectif qui alimentera le Guide de Bonnes Pratiques pour lutter contre le cyber-harcèlement qui sera vulgarisé une fois validé dans les jours à venir par les participants de cet atelier de lancement. Ils se sont aussi engagés  à s’impliquer “dans l’information et la sensibilisation du public dans le but de lutter contre ce fléau” dans le cadre de leur travail.

Rappelons que Taxaw Temm  constitue le troisième volet du projet AfricTivistes Femmes Cybersécurité en collaboration avec Internews. Le programme a outillé des femmes journalistes et acteurs de la société civile du Sénégal et de la République démocratique du Congo en sécurité et hygiène numérique, sur la lutte contre le harcèlement et l’audit numérique des organisations depuis décembre 2022.

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